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SECONDE PHILIPPIQUE.

premières, en un mot, à faire absolument, ou peu s’en faut, ce que vous faites aujourd’hui ; et après cela vous avez la folie de croire que la même conduite, qui a changé vos prospérités en disgrâces, changera vos disgrâces en prospérités. Mais c’est ce que les lumières de la raison et le cours naturel des choses vous défendent d’espérer ; car la nature a voulu qu’en toute chose il fût plus facile de conserver que d’acquérir. Or, la guerre nous ayant dépouillés de ce que nous possédions, nous n’avons plus rien à conserver ; il faut donc acquérir, et cet ouvrage ne regarde que vous.


Je dis donc que vous devez contribuer de vos fortunes aux besoins de l’Etat, que vous devez aller en personne le servir avec ardeur, et ne mettre qui que ce soit en accusation, que vous n’ayez repris la supériorité sur l’ennemi ; alors, jugeant chacun d’après ses œuvres, récompensez les hommes louables ; punissez les prévaricateurs, et ôtez-leur tout sujet de récrimination en vous corrigeant vous-mêmes de vos fautes ; car vous n’avez pas le droit d’être sévères envers les autres, si vous ne commencez par vous mettre vous-mêmes à l’abri de tout reproche. En effet, pourquoi pensez-vous que tous vos généraux abandonnent la guerre dont vous les chargez, et qu’ils entreprennent, de leur chef, d’autres expéditions particulières ? c’est, puisqu’il faut vous le dire et parler ici de vos généraux, c’est que dans les guerres de la république, le