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TROISIÈME PHILIPPIQUE.

résolus à le faire, mais dites-nous quels sont les moyens de la secourir. Ne vous étonnez pas, Athéniens, d’un avis que je vais ouvrir, quelque étrange qu’il puisse paraître à la plupart d’entre vous ; nommez des législateurs(5), non pour établir de nouvelles lois (vous n’en avez déjà que trop), mais pour abroger celles qui sont nuisibles dans les conjonctures présentes. Quelles sont ces lois ? je vous le dirai sans détour : ce sont certaines lois qui concernent le théâtre et la guerre. Les unes appliquent les fonds militaires aux spectacles, en faveur des citoyens qui restent dans la ville ; les autres assurent l’impunité au soldat qui se dispense du service, et découragent ainsi le soldat qui veut faire son devoir. Quand vous aurez aboli ces lois funestes et qu’on pourra sans danger vous donner les meilleurs conseils, cherchez alors un orateur qui propose, dans les formes ordinaires, les mesures qui vous sembleront à tous évidemment utiles au bien de l’État, Mais avant cette réforme, ne comptez pas trouver un orateur qui s’expose, en vous donnant les meilleurs conseils, à être sacrifié par ceux-là même auxquels il les aura donnés. Non, vous ne trouverez point de pareils orateurs ; outre qu’ils se perdraient, sans que la république retirât aucun fruit de leurs discours et de leurs décrets, leur exemple redoublerait encore, pour l’avenir, le danger que l’on court aujourd’hui à vous donner les meilleurs avis. Quant aux lois dont je parle, elles doivent