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TROISIÈME PHILIPPIQUE.

orateurs qui vous demandent : que voulez-vous que je dise ? quel décret faut-il proposer ? en quoi puis-je vous être agréable ? depuis ce temps, on a sacrifié aux douceurs d’un plaisir momentané les intérêts de la république ; et les choses en sont venues au point où nous les voyons. Les orateurs complaisans jouissent d’une fortune brillante, tandis que l’État est couvert d’opprobre.

Maintenant, observez les traits principaux qui marquent la différence de notre conduite d’avec celle de nos ancêtres. Je serai court, et ne dirai rien qui ne vous soit connu. Car, sans aller chercher des exemples chez d’autres peuples, il vous suffit, Athéniens, de vos exemples domestiques pour être heureux. Vos ancêtres donc, que leurs orateurs ne flattaient pas et n’aimaient pas comme les vôtres vous aiment, commandèrent, l’espace de quarante-cinq ans, à toute la Grèce(10) soumise volontairement à leur empire ; ils amassèrent, dans le trésor public, plus de dix mille talens : ils exercèrent sur le roi de Macédoine la domination qu’il sied aux Grecs d’exercer sur un Barbare(11) ; ils dressèrent de nombreux et de magnifiques trophées pour les victoires qu’ils avaient remportées sur terre et sur mer, et, seuls de tous les hommes, ils transmirent à leurs descendans une gloire supérieure aux traits de l’envie : voilà ce qu’ils furent dans la Grèce. Examinez maintenant ce qu’ils étaient dans Athènes, comme hommes publics, et comme simples particuliers.