HARANGUE
DE DÉMOSTHÈNE
CONTRE POLYCLÈS.
C’est surtout, Athéniens, dans des procès tels
que celui dont il s’agit maintenant, que les juges
doivent prendre intérêt, comme s’ils étaient partie.
Cette cause n’est pas seulement la mienne ou
celle de Polyclès, mais celle de toute la ville. Une
cause, en effet, où les plaintes sont portées par un
particulier, et où le dommage retombe sur l’état,
demande que vous écoutiez avec attention, afin de
rendre la sentence la plus convenable. Oui, si je
plaidais devant vous pour quelque démêlé ordinaire
que j’aurais avec Polyclès, les contendans seuls
seraient intéressés : mais je plaide pour l’ordre qui
doit régner parmi les commandans des navires, pour
les dépenses de l’armement des vaisseaux, pour
l’espace du tems que l’on doit en être charge, et
que j’ai passé de cinq mois six jours ; enfin pour
la validité des lois qui règlent ces objets.
Il me semble nécessaire de reprendre les choses dès le principe ; et ne croyez, pas, je vous en con-