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HARANGUE SUR LE TRAITE D'ALEXANDRE. 21


navires seraient mis aussitôt en mer, et commandés par Ménesthée. Mais n’est-il pas absurde que, tandis que nos adversaires violent les traités en un si grand nombre de points essentiels, leurs partisans ici, au lieu de les détourner de leurs in fractions, nous conseillent de respecter ce qu’ils méprisent, comme s’il était écrit que les uns pourront s écarter de la justice, et que les autres ne pourront même les réprimer ? Les Macédoniens n’ont-ils pas été aussi aveugles qu’injustes d’avoir violé les sermens d’une façon si criante, que peu s’en est fallu qu’ils ne fussent dépouillés, comme ils le méritaient, de l’empire de la mer ? Ils nous ont même fourni un motif légitime de les attaquer, quand nous voudrons, sans qu’on puisse se plaindre. Quoiqu’ils se soient arrêtés dans leurs excès, ils n’en ont pas moins violé les conventions communes ; mais, par un effet de leur bonheur plutôt que de leur innocence, ils profitent de cette lâcheté qui vous retient, et qui vous empêche de faire valoir vos droits. Et ce qu’il y a de plus outrageant pour vous, c’est que, tandis que les autres Grecs et tous les Barbares redoutent votre inimitié, les partisans du monarque, ces hommes nouvellement enrichis, vous forcent, soit par des discours trompeurs, soit par des violences odieuses, ils vous forcent, dis-je, de vous mépriser vous-mêmes, comme s’ils gouvernaient des Àbdéritains ou des Maronites. Ils dé-