croire qu’il n’ait parlé à Athènes que dans les circonstances pour lesquelles il nous a laissé des harangues : il a parié sans doute dans beaucoup d’autres occasions.
Mais, dira-i-on, nous retrouvons dans ses discours plusieurs des exordes de ce recueil, ce qui semble prouver qu’il les avait pris pour les y adapter. Je crois plutôt qu’il les avait faits séparément selon les affaires qui se présentaient, se trouvant pressé par les circonstances, et s’imaginant qu’il n’aurait pas le tems de composer les discours ; mais que, les affaires ayant été remises comme il pouvait arriver, il avait fait les discours, et avait pris les exordes en les laissant écrits à part, et en les transportant dans les discours avec des changemens, ou sans changemens, selon qu’il le trouvait convenable.
Quoi qu’il en soit de ces conjectures, j’ai traduit ces exordes qui roulent presque tous sur des objets politiques, et qui par conséquent trouvent naturellement leur place après les harangues politiques. Ils m’ont coûté beaucoup à traduire. Ce sont des pièces isolées qui ne tiennent à rien, et où il faut deviner, quand le sens ne se présente pas aussitôt. D’ailleurs, les débuts de toute harangue sont ordinairement froids et tranquilles, les phrases en sont communément fort longues : le traducteur n’est pas animé et échauffé par la suite des choses, et par la chaleur de la diction. Mais je serai dédommagé de mes peines par le plaisir de publier tout ce qui nous reste de Démosthène, de faire connaître son amour pour le bien public, son zèle infatigable, son application constante et assidue aux affaires. Comme dans les exordes on se concilie l’attention des auditeurs, qu’on cherche à dissiper leurs préventions, et à écarter tous les obstacles qui pourraient les empêcher de recevoir favorablement ce qu’on va leur dire, on peut étudier, dans ceux-ci, le caractère des Athéniens ; on verra qu’ils étaient légers, frivoles, inconstans, mais qu’ils avaient toute la