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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

doute, que, n’ayant ici par vos députés aucune nouvelle de son expédition prochaine, vous ne songeassiez pas à prendre les armes, et à vous mettre en mer pour lui fermer, comme vous aviez déjà fait, le passage des Thermopyles ; qu’enfin vous n’apprissiez d’eux son vrai dessein que lorsqu’il aurait déjà franchi ce passage, et que vous ne seriez plus à tems de rien faire. Mais, comme il n’était pas encore sans inquiétude, comme il tremblait que, malgré sa diligence à s’emparer d’un poste important, vous ne vous déterminassiez, dès que vous l’en sauriez maître, à secourir les Phocéens avant leur entière destruction, et qu’ainsi il ne manquât le succès de son entreprise, il sépare Eschine de ses collègues, et, le payant en particulier, il engage cette âme vénale à vous tenir des discours, à vous faire des promesses, qui ont tout perdu.

Je vous prie. Athéniens, et je vous supplie de ne pas oublier, dans toute la suite de ma justification, que si Eschine, en m’accusant, n’eût rien dit d’étranger à la cause, je me serais prescrit la même règle en me défendant ; mais que, ce méchant homme ne m’ayant pas épargné les imputations calomnieuses, je suis obligé de répondre en peu de mots à chacun de ses reproches.

Quels étaient donc alors ces discours et ces promesses d’Eschine qui vous ont été si funestes ? Il ne faut pas, disait-il, vous alarmer de ce que Phi-