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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

j’ai reçu de l’argent, et que je crie quand je l’ai dépensé : vous, au contraire, vous criez les mains pleines, et vous crierez toujours, si on ne vous ferme la bouche, aujourd’hui, par une sentence qui vous diffame.

Quoiqu’on m’ait couronné pour les services que je rendis alors ; quoiqu’Aristonique[1] ait porté un décret conçu dans les mêmes termes que celui de Ctésiphon, quoique la couronne ait été proclamée sur le théâtre, et que cette proclamation eût déjà été précédée par une autre plus ancienne ; quoiqu’Eschine fût présent, il ne s’est point opposé au décret, et n’en a point accusé l’auteur. Greffier, lisez ce décret.

Décret.

Sous l’archonte Chéronide, fils d’Hégémon, le vingt-sixième jour du mois de Mai, pendant la présidence de la tribu Léontide, Aristonique de Phréare a dit : Attendu que Démosthène, fils de Démosthène, de Péanée, a rendu de grands services aux Athéniens et à plusieurs de leurs alliés ; que, par ses décrets, il a servi les uns et les autres, soit par le passé, soit dans ces derniers tems ; qu’il a arraché à la servitude plusieurs villes de l’Eubée ; qu’il continue à montrer du zèle pour le peuple d’Athènes ; que par ses discours et par ses actions il se rend utile, autant qu’il peut l’être, aux Athéniens et aux autres Grecs : il a semblé bon au sénat

  1. Il y avait deux Aristonique, l’un de Marathon, et l’autre du bourg de Phréare, Plutarque dit d’Anagyruse. C’est de ce dernier qu’il est ici question : ce fut lui qui décerna une couronne d’or à Démosthène. Nous verrons par la suite que Démomèle, et Hypéride avant lui, avaient porté, en faveur du même Démosthène, des décrets tendant à lui décerner une couronne d’or, qui devait être proclamée sur le théâtre.