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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

et au peuple d’Athènes d’accorder publiquement des louanges et une couronne d’or à Démosthène, fils de Démosthène, de Péanée, de proclamer la couronne sur le théâtre aux fêtes de Bacchus, dans le tems des nouvelles tragédies, et de charger du soin de la proclamation l’agonothète[1] et la tribu en tour de présider. Signé Aristonique de Phréare.

Est-il donc quelqu’un parmi vous qui sache que ce décret ait attiré sur la ville d’Athènes la honte, le mépris et la risée, qu’Eschine lui fait craindre si l’on me décerne une couronne ? Cependant, c’est quand les actions sont récentes et généralement connues, qu’on les récompense si elles sont louables, et qu’on les punit si elles sont répréhensibles. Or, il est clair que j’ai alors été récompensé, et non blâmé ni puni ; il est donc clair et avoué de tout le monde que, du moins jusqu’à ce tems, j’ai toujours bien servi la république. Je l’ai bien servie, puisque mes discours et mes décrets ont toujours prévalu dans vos délibérations ; puisque mes décrets se sont exécutés heureusement, et que par-là j’ai mérité des couronnes à la patrie, à vous tous, et à moi-même ; enfin, puisque vous avez fait aux dieux des sacrifices solennels et des prières publiques, comme dans un tems de prospérité. Après que Philippe eut été chassé de l’Eubée, par la force des armes, sans doute, et, j’ose le dire malgré la rage de mes envieux, par la sagesse

  1. L’agonothète. Voyez plus haut, p. 248, note 76.