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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

témoigner leur reconnaissance, et de lui faire tout le bien dont ils seront capables : c’est ce qu’ils ont résolu en plein sénat.

Ainsi, par la sagesse et la vigueur de ma politique, non-seulement j’ai sauvé la Quersonèse et Byzance ; non-seulement j’ai empêché que l’Hellespont ne fût assujetti au roi de Macédoine ; non-seulement j’ai procuré des honneurs à la république ; mais encore j’ai exposé aux yeux de tous les Grecs la générosité des Athéniens, et la méchanceté de Philippe. On a vu, d’un côté, Philippe assiéger les Byzantins, quoique leur ami et leur allié ; procédé le plus indigne et le plus horrible : de l’autre, vous. Athéniens, qui n’aviez contre eux que trop de sujets de plainte pour la manière peu satisfaisante dont ils en avaient agi avec vous, on vous a vu, je ne dis pas oublier toute injure, mais sauver des ingrats qu’on attaquait, et gagner, par ce procédé généreux, l’estime, l’amitié, la considération de tous les Grecs. On sait généralement que la république a couronné, avant moi, plusieurs de ses citoyens ; mais, on ne pourrait citer que moi, du moins parmi les orateurs et les ministres, qui aie fait couronner la république.

Mais pour vous convaincre que les reproches qu’a faits Eschine aux Eubéens et aux Byzantins, en rappelant ce qui avait pu vous déplaire en eux, ne partent que d’un fonds de malignité, et parce qu’ils sont faux, comme sans doute personne ne