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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

mal… et autres exclamations que nous venons d’entendre. Vous osez prononcer le nom de vertu, infâme ! eh ! qu’avez-vous de commun avec elle, vous et les vôtres ? Connaissez-vous ce qui est bien ou ce qui est mal ? Où l’auriez-vous appris ? Nommez-nous votre école ? Est-ce à vous de nous vanter les succès de vos maîtres ? Ceux qui ont le plus profité de leurs soins, ne sont pas les plus empressés à en tirer gloire ; on les voit même embarrassés des éloges qu’ils reçoivent. Mais quiconque, ainsi que vous, abandonné dans son enfance, affecte les manières et les talens fruits d’une éducation soignée, ne fait que révolter ceux qui le voient et qui l’entendent, sans réussir à passer pour ce qu’il veut être.

Ayant à parler de vous et des vôtres, Eschine, je n’appréhende point de manquer de matière, tout mon embarras est de savoir par où commencer. Dirai-je d’abord comment votre père Tromès, les pieds retenus dans des entraves [49] de bois, servait, en qualité d’esclave, Elpias, maître d’école auprès du temple de Thésée ; ou comment votre mère, qui passait tous les jours à de nouveaux mariages dans un lieu suspect près du héros Calamite, éleva en vous une belle statue, un excellent acteur pour les troisièmes rôles ? (mais tous le savent, sans que je le dise.) Dirai-je ensuite comment un certain Phormion, joueur de flûte, esclave de Dion, la retira de cet honnête commerce ? Mais, en vérité, je crains que de tels