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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

alors dans cette ville ; écoutez, néanmoins, quelques circonstances essentielles pour ma cause.

Il était déjà tard, les prytanes prenaient leur repas accoutumé [65] ; un courrier vient leur annoncer qu’Élatée est prise. Aussitôt, les uns se lèvent de table, courent à la place publique, en chassent les marchands, mettent le feu à leurs marchandises ; les autres envoient chercher les généraux, ordonnent au trompette de donner le signal : toute la ville était pleine de tumulte. Le lendemain, dès le point du jour, les prytanes convoquent les sénateurs dans le lieu de leur assemblée ; vous, Athéniens, vous vous rendez aussi dans le lieu de la vôtre ; et, avant que le sénat eût eu le tems de rien arrêter, tout le peuple avait déjà pris ses places. Après quoi, dès que les sénateurs parurent, que les prytanes eurent annoncé la nouvelle, présenté le courrier qui l’apportait, que celui-ci eut été entendu, le héraut s’avance, et commence à crier : Qui veut monter à la tribune ? Personne ne se présentait. Il recommence à plusieurs reprises. Personne ne se levait, quoique tous les généraux et tous les orateurs fussent présens, quoique la patrie demandât, à haute voix, un avis salutaire ; car c’est la patrie elle-même qui parle, lorsque le héraut se fait entendre au nom des lois. Cependant, si c’était à ceux qui voulaient le salut de la patrie à se présenter dans la circonstance, vous qui m’écoutez, et les autres Athé-