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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

injures que vous leur aviez faites, ils n’avaient pas d’autre parti à prendre que de leur livrer le passage, ou de tomber avec eux sur l’Attique. Si on déférait à leurs conseils, disaient-ils, les troupeaux, les esclaves, toutes les richesses de l’Attique devaient passer dans la Béotie ; mais, si on vous écoutait, la Béotie devait être le théâtre de la guerre et la proie du soldat. Ils dirent encore beaucoup de choses qui tendaient toutes au même but. Je voudrais pour tout au monde pouvoir vous rapporter les discours que nous opposâmes aux leurs ; mais je crains qu’après l’événement, et dans la persuasion où vous êtes qu’un déluge de maux a inondé toute la Grèce, vous ne regardiez comme inutile et désagréable tout ce récit qui en retracerait la mémoire : écoutez, néanmoins, ce que nous persuadâmes aux Thébains ; leur réponse va vous en instruire. Greffier, lisez cette réponse.

On lit la réponse des Thébains.

Bientôt après, les Thébains vous appellent à leur secours ; vous partez, vous arrivez. Je supprime les faits intermédiaires. Ils vous reçurent avec tant d’affection que, tandis que leur infanterie et leur cavalerie campaient hors des murs, ils logèrent votre armée dans leur ville, dans leurs maisons, auprès de leurs femmes, de leurs enfans, de tout ce qu’ils avaient de plus précieux. Les Thébains, en ce jour, ont rendu, à la face de tout l’univers,