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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

comme malheureuse, une alliance qu’il célébrait, comme heureuse, à la face de ces mêmes dieux ? S’il s’éloignait de nos temples, ne mériterait-il point de périr mille fois, pour s’être affligé seul de ce qui était le sujet d’une joie universelle ? Greffier, lisez-nous les décrets concernant les sacrifices.

On lit les décrets.

Nous étions donc alors dans la joie et dans les sacrifices, et les Thébains étaient persuadés qu’ils nous devaient leur salut. Il est arrivé, en un mot, que vous, qui paraissiez avoir bientôt besoin de secours, grâce aux menées des traîtres, vous secourûtes les autres, grâce à mes conseils. Quel était alors le langage de Philippe, quelles étaient ses alarmes ? Vous l’allez apprendre par les lettres qu’il écrivit dans le Péloponèse. Greffier, prenez ces lettres, et faites-en lecture, afin que l’on sache ce qu’ont produit ma vigilance, mes courses, mes peines, et tous ces décrets contre lesquels Eschine s’élève si fort.

On a vu chez nous, Athéniens, avant moi, un grand nombre d’illustres orateurs : le fameux Callistrate [78], Aristophon, Céphale, Thrasybule, et mille autres ; mais aucun d’eux ne s’est livré, comme moi, à toutes les parties d’une affaire. Celui qui avait proposé le décret, n’allait pas en ambassade ; celui qui allait en ambassade, n’eût pas proposé le décret ; chacun d’eux cherchait à