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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

ger des métaphores, à ridiculiser des expressions, à contrefaire des gestes (eh ! qu’importait au bonheur de la Grèce, que j’usasse de telle expression plutôt que de telle autre, que je portasse la main ici plutôt que là) ; mais en juge équitable, il discuterait le fond même des choses, il examinerait quelles étaient les forces et les ressources de la république lorsque j’entrai dans le gouvernement, celles que je lui procurai lorsque je fus à la tête des affaires, et tous les avantages des ennemis qu’elle avait à combattre : après quoi, s’il eût été manifeste que j’eusse ou diminué ou augmenté les forces de l’état, vous auriez pu, Eschine, ou dévoiler mes fautes, ou m’épargner vos calomnies. Vous avez évité cette discussion, je vais la faire moi-même ; voyez. Athéniens, si je dis vrai.

La république n’avait pour alliés que quelques insulaires, et les plus faibles, puisque Rhodes, Chio et Corcyre n’étaient point pour nous. Les subsides ne montaient qu’à quarante-cinq talens, qu’on avait même levés d’avance. Votre infanterie et votre cavalerie se réduisaient aux seuls habitans d’Athènes. Les traîtres, ce qui était le plus à désirer pour Philippe, et pour vous le plus à craindre, avaient aliéné vos voisins : les Thébains, les Mégariens et les Eubéens penchaient plus vers la haine que vers l’amitié. Tel était à-peu-près l’état de la république : qui pourrait dire le contraire ? Jetez maintenant un coup d’œil sur la puissance