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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

sur l’égalité des répartitions, vous ignorez, sans doute, que, de trois cents vaisseaux que la Grèce avait équipés jadis pour sa défense, la république seule en fournit deux cents pour sa part [82]. Elle ne se crut pourtant pas lésée, elle n’accusa point les ministres qui lui avaient donné ce conseil, et ne leur témoigna nulle indignation (c’eût été pour elle un opprobre) ; mais elle rendit grâces aux dieux de ce que, dans le péril commun, et pour le salut de la Grèce, elle seule fournissait le double de tous les autres ensemble. Ajoutez que par vos plaintes, vous vous faites un faux mérite auprès des Athéniens : car, pourquoi ne dire qu’à présent, ce qu’il était à propos de faire ? pourquoi ne l’avoir pas alors proposé, vous qui étiez dans Athènes, qui vous trouviez aux assemblées ? Si toutefois nous pouvions agir autrement dans ces conjonctures critiques où nous étions forcés d’accepter non ce que nous aurions voulu, mais ce que nous présentait la fortune. Un autre était là pour marchander, pour enchérir, et recevoir les peuples que nous aurions rejetés. On attaque aujourd’hui ce que je fis alors ; mais. Athéniens, si par des discussions basses et minutieuses j’eusse obligé les républiques de nous abandonner et de s’attacher à Philippe, en sorte que ce prince se fût vu en même tems le maître de l’Eubée, de Thèbes et de Byzance ; que pensez-vous qu’auraient fait et dit ces hommes ennemis des dieux ? Ne m’auraient-ils