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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

pas accusé d’avoir rebuté, d’avoir livré à Philippe, des peuples qui sollicitaient notre alliance ? Philippe, auraient-ils dit, par le moyen des Byzantins, s’est soumis l’Hellespont, et dispose du transport des blés dans toute la Grèce ; par le moyen des Thébains, il a porté de nos frontières au sein de l’Attique une guerre cruelle ; la mer est devenue impraticable par les incursions des pirates de l’Eubée. Voilà ce qu’ils auraient dit sans doute ; et que n’auraient-ils pas dit encore ? Quel monstre, ô Athéniens ! quel monstre, qu’un envieux et un calomniateur, toujours prêt à mordre et à déchirer, quoi qu’on fasse et quoi qu’il arrive ! Tel est cet homme méprisable, qui ne fit jamais rien de louable ni d’honnête, renard masqué, singe tragique, Œnomaüs de village [85], orateur à contre-tems. En effet, Eschine, quel avantage retirons-nous de votre éloquence ? Vous venez à présent nous donner des avis sur le passé ; tel qu’un médecin qui, après n’avoir indiqué, dans ses visites, aucun remède propre à guérir ses malades, suivrait au tombeau l’un d’entre eux qui viendrait à mourir, et, accompagnant les funérailles, dirait : Si cet homme avait employé tel ou tel remède, il ne serait point mort. Et c’est aujourd’hui, orateur insensé, que vous venez nous donner des conseils !

Quant à notre défaite [84], dont vous triomphez, malheureux, lorsque vous devriez en gémir, vous trouverez, Athéniens, que je n’y contribuai nulle-