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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

le plus grand nombre de ses entreprises, chacun répondra que c’est par ses troupes, par ses largesses, et sur tout en corrompant ceux qui étaient à la tête des affaires. Je n’étais ni le maître, ni le chef des armées ; je ne suis donc pas responsable de leurs opérations. Mais j’ai vaincu Philippe, puisque je ne me suis point laissé gagner par son or. Car, si le traître qui se vend est vaincu par celui qui l’achète, celui qui résiste à la corruption est vainqueur de celui qui cherche à le corrompre. Ainsi, pour ma part, Athènes fut invincible.

Voilà les motifs, sans parler de mille autres, qui ont autorisé et qui justifient le décret de Ctésiphon. Ce que je vais dire à présent, est connu de tout le monde.

Aussitôt après le combat, au milieu des alarmes et des périls, lorsque personne n’aurait été surpris des emportements du peuple contre moi, le peuple instruit et témoin de mes travaux et de mes peines, adopta mes conseils pour le salut de la république. Tout ce qui avait rapport à la défense de la ville, distribution des sentinelles, réparation des fossés, contribution pour rétablir les murs, tout se faisait par mes décrets. On avait besoin d’un intendant des vivres, je fus choisi préférablement à tout autre. Ensuite, ces hommes, attentifs à me nuire, s’étant ligués pour me perdre, me traduisirent devant les tribunaux comme ayant enfreint les lois, comme ayant malversé dans l’administration des