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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

quenter les écoles les plus honnêtes, et de jouir d’une assez grande aisance pour n’être réduit par le besoin à rien faire de bas. Au sortir de cet âge, j’agis conformément à l’éducation que j’avais reçue ; je donnai des jeux au peuple ; j’équipai des galères, je fournis aux contributions, j’exerçai en tout tems ma libéralité, soit en particulier, soit en public ; je me rendis utile à l’état et à mes amis. Lorsque je fus entré dans le gouvernement, je me conduisis si bien, que je fus plusieurs fois couronné par mes compatriotes et par les autres Grecs, et que mes ennemis eux-mêmes n’osèrent censurer mon administration. Telle a été ma fortune jusqu’à ce jour. Je pourrais ajouter encore plusieurs traits que je supprime, dans la crainte de choquer ceux qui m’écoutent.

Pour vous, homme illustre, qui méprisez les autres, comparez votre fortune avec la mienne. Né dans la misère et dans la bassesse, vous passâtes voire enfance près de votre père qui tenait école. Préparer l’encre, nettoyer les bancs, balayer la classe [89], telle était votre occupation ; occupation d’un esclave et non d’un enfant libre. Parvenu à l’adolescence, vous aidiez votre mère dans ses opérations mystiques, et lui lisiez ses formules lorsqu’elle initiait. Pendant la nuit, vous couvriez les candidats d’une peau de faon, vous leur versiez du vin, vous les arrosiez d’eau lustrale, les frottiez de son et d’argile ; et, les faisant lever