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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

des villes et des nations entières, ont essuyé mille disgrâces, n’est-il pas plus juste et plus raisonnable de rejeter les maux qui accablent tous les peuples, sur la rigueur du sort qui les poursuit tous, et sur un enchaînement de circonstances malheureuses ? Vous donc, Eschine, vous supprimez les vraies causes de ces maux ; et, parce que j’avais quelque part au gouvernement dans Athènes, vous me les imputez à moi seul, sachant bien qu’au moins une partie de l’imputation retombe sur tous les orateurs, et principalement sur vous. En effet, si j’eusse décidé en souverain, et par moi-même, les affaires publiques, vous auriez raison, vous et les autres, de vous élever aujourd’hui contre moi ; mais si vous étiez présent à toutes les assemblées ; si l’on délibérait en commun sur les intérêts de l’état ; si tout le peuple trouvait bons mes avis, et vous sur-tout, Eschine, (car. sans doute, ce n’était point par affection que vous me cédiez les espérances, la gloire et les honneurs qui étaient le prix de mes conseils, mais par conviction, mais par impossibilité d’en donner de meilleurs) ; n’est-ce pas le comble de l’injustice de condamner à présent ce que je disais alors. si vous n’aviez rien de mieux à dire ?

Voici des règles que je crois invariables et généralement approuvées. Un citoyen a-t-il prévariqué ? il doit encourir l’indignation et subir la peine : A-t-il simplement failli ? on doit l’excuser plutôt