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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

séduire leurs compatriotes, jusqu’à ce qu’ils les eussent réduits en servitude. Ainsi, Daochus, Cinéas, Thrasydée [97] ont asservi les Thessaliens ; Cercidas, Hiéronyme, Eucalpidas, les Arcadiens ; Myrtès, Téladame, Mnasée, les Argiens ; Euxithée, Cléotime, Aristechme, les Éléens ; Néon et Thrasyloque, dignes fils de l’odieux Philiade, les Messéniens ; Aristrate, Épicharès, les Sicyoniens ; Dinarque, Démarate, les Corinthiens ; Ptéodore, Élixe, Périlaüs, les Mégariens ; Tiinolaüs, Théogiton, Anemœtas, les Thébains ; Hipparque, Clitarque, Sosistrate, les Eubéens : le jour ne me suffirait pas pour nommer tous les traîtres. Ce sont ces hommes qui, chacun dans leurs villes, suivaient les mêmes principes que ceux-ci dans Athènes : âmes de boue, détestables flatteurs, redoutables fléaux qui, après avoir mutilé et défiguré leurs patries, assis à la table de Philippe, et la coupe à la main, lui vendaient la liberté publique [98], qui, plaçant le bonheur dans les excès et les infamies de la débauche, ne comptaient pour rien l’indépendance, et la douceur de n’avoir pas un maître, avantage que nos pères regardèrent toujours comme la règle et le dernier terme de la félicité.