Page:Démosthène - Œuvres complètes, Auger, 1820, tome 5.djvu/510

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
500
HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

notre parti et dans notre amitié Byzance, Périnthe, Abydos ; ôter à l’ennemi ses principales forces, et suppléer celles qui nous manquaient ? Et c’est ce que vous fîtes, Athéniens, en vertu de mes décrets et de mes démarches. Qu’on examine ma conduite sans passion, on verra que je concertai tout avec sagesse, que j’exécutai tout avec droiture ; que je ne manquai aucune occasion, ni par ignorance, ni par infidélité ; que je n’omis rien, en un mot, qui fût au pouvoir et à la portée d’un seul homme. Si la rigueur du sort, ou quelque divinité contraire, ou l’incapacité des généraux, ou la perversité des traîtres, ou toutes ces causes réunies, ont ébranlé et renversé la constitution de la Grèce, où donc est la faute de Démosthène ? Ah ! s’il se fût trouvé dans chaque ville un seul citoyen tel que j’étais ici dans mon poste ; que dis-je ? si un seul homme en Thessalie, si un seul en Arcadie eût pensé comme moi, aucun des Grecs, ni en-deçà ni au-delà des Thermopyles, ne gémirait à présent dans l’oppression ; mais, gouvernés par leurs propres lois, et jouissant tous d’une heureuse indépendance, ils vivraient dans leur patrie sans péril et sans crainte, redevables de leur bonheur à vous et aux autres Athéniens, grâce à mes conseils.

Pour vous convaincre, Eschine, que je ne dis rien de trop, et que même je ne dis pas tout, de peur d’irriter l’envie, greffier, prouvez vous-même