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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

accidens qui n’arrivent que trop dans le cours de la vie. A-t-il trouvé cette occasion, il sort à l’instant de son repos, comme un vent qui s’élève : devenu tout-à-coup ministre, il monte à la tribune, et, nous déployant sa belle voix, il nous débite, d’un ton ferme et tout d’une haleine, de longues tirades de mots, qui, sans produire aucun bien ni procurer aucun avantage, causent la perte des particuliers et la honte de la république.

Cependant, Eschine, si votre attention à perfectionner vos talens partait d’une intention droite, et d’un vrai zèle pour l’état, elle aurait dû produire des fruits précieux, utiles à tous ; alliances avec des républiques, augmentation des revenus, agrandissement du commerce, lois salutaires, obstacles aux desseins de nos ennemis : car, c’est de quoi il était question dans les derniers tems, et c’est sur quoi les conjonctures passées fournirent au vrai patriote de fréquentes occasions de signaler son zèle ; occasions où vous ne parûtes jamais ni le premier, ni le second [99], ni dans aucun rang : non pas du moins lorsque vous auriez pu accroître les forces de la patrie. Quelle alliance, en effet, quels secours, quels amis, quelle gloire avez-vous procurés à la république ? Quelle ambassade, quel emploi de votre part qui l’ait rendue plus illustre ? Quelle affaire des Athéniens ou des autres Grecs a réussi entre vos mains ? Armes, galères, arsenaux, réparation de murs, troupes de cavalerie, lequel