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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

Vous dites donc que je suis loin d’égaler les héros d’Athènes ; et vous, Eschine, les égalez-vous ? Votre frère [105], ou quelqu’un de nos orateurs les égale-t-il ? aucun, selon moi. Mais de grâce, homme juste, pour ne point me fâcher, comparez les vivans entre eux, et les talens du même genre, comme on fait pour les poètes, les musiciens, les athlètes, et tous les autres. Philammon, par exemple, n’est pas sorti sans couronne des jeux olympiques, parce qu’il était moins fort que Glaucus et d’autres athlètes qui se sont rendus célèbres avant lui ; mais il a été proclamé vainqueur, et couronné, parce qu’il a montré plus de vigueur et d’adresse que tous ceux qui sont entrés en lice avec lui. De même, vous, Eschine, comparez-moi à des orateurs vivans, à vous, par exemple, à tel autre que vous voudrez ; je ne cède à aucun. Tant que la république pouvait prendre le parti le plus avantageux, et que tous les citoyens pouvaient disputer de zèle pour la patrie, on m’a vu donner les avis les plus utiles ; tout se faisait par mes lois, par mes ambassades ; nul de vous ne se montrait en aucune occasion, à moins qu’il ne fallût nuire à vos compatriotes. Mais, après le coup fatal dont nous n’avons pu nous garantir, quand on ne choisissait plus de fidèles ministres, mais des esclaves dociles, prêts à se vendre aux ennemis de l’état, et à ramper devant les tyrans, vous étiez alors en crédit vous et vos pareils, vous paraissiez