seraient jugés meilleurs, vous devez garder les
vôtres, par la seule raison que la fortune, depuis
que vous les suivez, vous a été favorable. Pour
conclure par une réflexion qui me paraît solide :
on ne doit pas vous citer les lois de Thèbes et de
Lacédémone pour vous porter à détruire celles
d’Athènes ; ni vous non plus vous ne devez pas
écouter ceux qui vous conseillent d’abolir ce qui
chez vous fait la prospérité du peuple, tandis que
vous êtes prêts à punir de mort quiconque entreprendrait
d’établir dans notre ville les usages des
états oligarchiques et monarchiques ; usages qu’ont
adoptés les Lacédémoniens el les Thébains, et par
lesquels ils se sont agrandis.
Il est une raison facile à trouver, c’est que chez nous, du tems de nos ancêtres, il y eut des hommes qui rendirent à la patrie d’importans services, et qui, sans être gratifiés d’aucune des faveurs qu’on voudrait abolir, se contentaient d’une inscription gravée sur une statue de Mercure [35]. Peut-être même qu’on vous lira quelqu’une de ces inscriptions.
De pareils discours ne peuvent que nuire à la république en plusieurs manières, et d’ailleurs ne sont pas fondés. En effet, si l’on soutient que, même du tems de nos ancêtres, il n’y eut personne qui fût digne d’obtenir des récompenses, qu’on nous dise donc qui en est digne, s’il n’y en a point eu par le passé, et s’il n’y en a point à présent.