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HARANGUE CONTRE LA LOI DE LEPTINE.

La loi que j’attaque, est donc honteuse, mauvaise, et semble partir d’un principe d’envie et de jalousie : je ne dis rien de plus. On croirait que son auteur n’était pas tout-à-fait exempt de ces passions. Il ne vous conviendrait pis de l’imiter, ni de montrer des sentimens peu conforme s à votre douceur naturelle. Je vous le demande, Athéniens : qu’est-ce que nous abhorrons le plus ? qu’est-ce que toutes les lois ont principalement cherché à prévenir ? Ce sont les meurtres. Nous avons dans l’aréopage un tribunal auguste, établi particulièrement pour en faire la recherche. Dracon qui, dans ses lois sur le meurtre, voulant inspirer pour l’homicide la plus vive horreur, ordonne que le meurtrier sera exclu des temples, des purifications, des libations, des repas communs, de la place publique, qui enfin énonce tout ce qu’il croit le plus capable de détourner d’un pareil attentat ; Dracon, dis-je, bien éloigné de confondre le crime avec l’innocence, a déterminé les cas où il serait permis de tuer un homme, a déclaré innocent quiconque l’aurait tué dans certains cas. Il sera donc quelquefois permis, par vos lois, de tuer un homme ; et il ne sera jamais permis, par la loi de Leptine, de demander la récompense de ses services ! Qu’il ne soit pas dit, ο Athéniens, que vous ayez eu plus d’attention et plus d’empressement pour empêcher ceux qui vous ont bien servis, de recevoir leur récompense, que pour pré-