Page:Démosthène - Œuvres complètes, Auger, 1820, tome 6.djvu/344

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{{nr|334|PLAIDOYER CONTRE CONON.|


le récit des injures que j’ai essuyées ; et, si je vous parais avoir été outragé contre toute règle, contre toute justice, soyez-moi favorables, je vous en conjure ; daignez faire droit sur mes plaintes. Je reprendrai les choses des l’origine, et je les raconterai le plus brièvement que je pourrai.

Il y a trois ans que je partis avec d’autres pour Panacte [1], où nous étions envoyés en garnison. Les fils de Conon, pour mon malheur, ayant leur tente près de la mienne, ce voisinage fut la cause de notre inimitié et de nos débats, comme vous l’allez entendre. Aussitôt après le dîner, ils se mettaient à boire jusqu’à la fin du jour, et ils n’ont cessé tant que nous avons été en garnison. Moi, je vivais à Panacte comme je vis à Athènes : pour eux, on les voyait déjà pris de vin à l’heure où les autres se mettent à table. Ils commencèrent donc par insulter mes esclaves à plusieurs reprises, et m’insultèrent bientôt moi-même. Sous prétexte que mes gens les aveuglaient de fumée en préparant le repas, et qu’ils les accablaient d’injures, ils les frappaient, les couvraient de toutes leurs immondices, leur faisaient, en un mot, mille insultes, plus grossières les unes que les autres. Sensible à toutes ces insolences, je me contentai d’abord de me plaindre à eux-mêmes ; mais, comme ils se moquaient de mes représentations, et qu’ils continuaient toujours, j’allai trouver le général, non pas seul, mais accompagné de ceux avec lesquels