donc quelqu’un tel que Conon , qui doit en être
cru sur son serment ? Il s’en faut bien. Un honin^e
qui se fiîrail une peine de jurer même selon la
vérité, auquel il ne viendrait pas seulement à l’esprit
de jurer, contre l’usage commun , sur la tète
de ses enfans [10] , qui aimerait mieux s’exposer à
tout, que de se le permettre, et qui se contenterait
du serment ordinaire, s’il fallait absolument en
prêter, est, sans doute, plus digne de foi que celui
qui jure par le feu et sur la tête de ses enfans.
Pour moi , ô Conon , moi qui , à tous égards ,
mérite mieux que vous d’en être cru, J’ai voulu
prêter serment, non pas certes, comme vous^ afin
d’éviter la peine d’un délit, et d’échapper, par un
parjure, prêt en conséquence à tout faire, mais
afin de n’être point exposé à essuyer un nouvel
outrage, par une condamnation juridique. Greffier,
lisez la proposition que j’ai faite à l’accusé.
Voici le serment que j’ai voulu prêter, et que je prête en ce jour : Je jure, Athéniens, en votre présence, à la face de toute cette assemblée, je jure par tous les dieux et toutes les déesses, que j’ai essuyé, de la part de Conon, les mauvais Iraitemens dont je me plains ; que j’en ai reçu des coups ; qu’il m’a fendu la lèvre, au point qu’il a fallu la recoudre ; qu’il m’a outragé indignement, et que c’est là ce qui m’a fait intenter ce procès.