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HARANGUE CONTRE LA LOI DE LEPTINE.


est digne, et non plusieurs années après. Refuser d’abord une grâce, c’est quelquefois un trait de prudence ; la retirer quand on la accordée, c’est une marque d’envie : passion à laquelle des Athéniens doivent fermer tout accès dans leur cœur. Quant à l’examen des personnes dignes ou indignes, je ne craindrai pas de le dire, un état et un particulier ne doivent pas y procéder de même, parce que les objets sont différens. Comme particulier, chacun de nous considère celui qui est digne d’obtenir son amitié, et d’entrer dans son alliance ; et c’est sur de certaines règles, et d’après l’opinion qu’il se décide. Au lieu que les états récompensent celui qui les sert et qui les sauve, quel qu’il soit ; et ce qui détermine leur jugement, c’est l’action même, et non l’opinion des hommes, ni la condition de la personne. Comment, je vous prie, quand nous aurons besoin d’un service, nous laisserons agir quiconque voudra nous le rendre, et, quand nous l’aurons reçu, nous examinerons si celui qui l’a rendu est digne ! Quel procédé !

Mais les exilés de Corinthe sont-ils les seuls qui soient lésés par la loi ? Est-ce d’eux seulement que je veux parler ? non, certes. Sans entreprendre de citer tous ceux qui vous ont rendu des services, et que la loi dépouillera de ce que vous leur avez donné, je ne rapporterai plus qu’un ou deux décrets, après quoi je finis sur cet article.