non (dit-elle) a délivré les alliés d’Athènes.
Cette inscription lui fait honneur auprès de vous,
et à vous auprès de tous les Grecs. En effet, lorsqu’un
citoyen de votre ville procure aux autres
peuples quelque avantage, c’est vous tous qui en
recueillez la gloire. Aussi l’on ne se contenta pas
alors de lui accorder les exemptions, on lui érigea
une statue d’airain ; et l’on crut devoir honorer
à l’égal d’Harmodius et d’Aristogiton [21], un
homme qui, en détruisant l’empire de Lacédémone,
nous avait délivrés d’une tyrannie non
moins intolérable. Mais pour vous rendre encore
plus attentifs à ce que je dis, on va vous lire les
décrets portés en faveur de Conon. Lisez, greffier.
Vous n’êtes pas, Athéniens, les seuls qui ayez honoré Conon pour les exploits dont je parle : il le fut encore de plusieurs autres peuples qui crurent devoir reconnaître ses services. Mais ne serait-il pas indécent que, tandis que les récompenses, qu’il a obtenues des autres Grecs, lui seront toutes conservées, vous fussiez les seuls à le dépouiller de quelques-unes de celles qu’il tient de votre gratitude ? ou conviendrait-il qu’après l’avoir récompensé pendant sa vie, et comblé de tous les honneurs dont vous venez d’entendre le détail, on lui ôtât, après sa mort, sans égard pour ces mêmes honneurs, une partie de ce qu’on lui avait accordé ?