tion de ces illustres morts, s’ils pouvaient apprendre
la manière dont nous procédons aujourd’hui.
Quoi donc ! ce ne sera point par les choses mêmes,
mais d’après de faibles expressions, que vous
jugerez des services importans qu’ils vous ont
rendus ! Les belles actions qu’ils ont faites, et les
travaux qu’elles leur ont coûté, seront perdus
pour eux, parce qu’ils seront défigurés dans nos
discours ! Pourrait-on imaginer un sort plus triste !
Mais, pour vous convaincre que je parle avec droiture et sincérité, sans aucun dessein de vous surprendre, on va vous lire la loi que je veux substituer à celle que je combats. Vous verrez que j’ai pourvu, avec attention, à ce que vous ne fissiez rien de honteux, à ce qu’on citât devant vous, pour le dépouiller de son privilége, quiconque serait taxé, avec justice, de ne pas le mériter, et à ce qu’on ne retirât point les grâces à ceux qui les méritent incontestablement. Je ne fais rien ici d’extraordinaire, je me conforme à une ancienne loi que viole Leptine, laquelle ordonne, quand on voudra porter des lois nouvelles, d’attaquer la loi où l’on trouvera quelque défaut, et d’en proposer une autre qui l’abroge. Les Athéniens examineront l’une et l’autre, et choisiront la meilleure. Solon, qui prescrit cette règle et cette conduite, n’a pas cru que, tandis que les thesmothètes, choisis par le sort pour veiller aux lois, ne pouvaient entrer en exercice, qu’après avoir subi