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son époque. Car c’est bien depuis lui que nous cherchons avant tout dans un livre de poète, ce que M. André Gide a appelé : « un choix certain de l’expression, dicté non plus seulement par la logique, et qui échappe à la logique », tout ce qui permet au poète-musicien de fixer pour nous « l’émotion essentiellement indéfinissable ».

Baudelaire marque le point poétique où la plastique se conjugue avec la musique pour créer, à égale distance de la peinture et de la musique, un langage nouveau, le langage essentiel de la poésie.

Mais pour cela quels sont les moyens dont il use, et les ressources de la métrique traditionnelle lui ont-elles suffi ? C’est une question technique toujours pendante et du plus vif intérêt.

Les partisans convaincus du vers-libre choisissent volontiers l’exemple de Baudelaire pour nous dire les méfaits de la métrique traditionnelle. Ils rappellent volontiers que Baudelaire ne concevait guère en vers et qu’il éprouvait, à trouver la rime, autant de peine, ou presque, que Boileau lui-même. Gêné par la métrique, l’auteur des Fleurs du Mal n’aurait laissé dans son livre qu’un écho diminué de son merveilleux génie.