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comparés comme moyens d’expression, et l’Âme du vin des Fleurs du Mal. À chaque alinéa de la prose correspond une strophe du poème :

Homme, mon bien-aimé, je veux pousser vers toi, en dépit de ma prison de verre et de mes verrous de liège, un chant de fraternité, un chant plein de joie, de lumière et d’espérance…


Un soir, l’âme de vin chantait dans les bouteilles :
Homme, vers toi je pousse, ô cher déshérité,
Sous ma prison de verre et mes cires vermeilles.
Un chant plein de lumière et de fraternité.


Je ne suis point ingrat. Je sais que je te dois la vie. Je sais ce qu’il t’en a coûté de labeur et de soleil sur les épaules. Tu m’as donné la vie. Je t’en récompenserai. Je paierai largement ma dette…


Je sais combien il faut, sur la colline en flamme,
De peine, de sueur et de soleil cuisant
Pour engendrer ma vie et pour me donner l’âme,
Mais je ne serai point ingrat ni malfaisant.


Car j’éprouve une joie extraordinaire quand je tombe au fond d’un gosier altéré par le travail. La poitrine d’un honnête homme est un séjour qui me plaît bien mieux que ces caves mélancoliques et insensibles…


Car j’éprouve une joie immense quand je tombe
Dans le gosier d’un homme usé par ses travaux,
Et sa chaude poitrine est une douce tombe
Où je me plais bien mieux que dans mes froids caveaux.


Entends-tu s’agiter en moi et résonner les puissants refrains des temps anciens ?… Je suis l’espoir des dimanches. Les coudes sur la table