Page:Désaugiers - Chansons choisies, 1861.djvu/35

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Chantant, dansant, buvant, aimant,
Il charme ainsi sa vie errante…
Bornons-nous donc décidément
À dix mille livres de rente.

C’est pourtant un bien bel avoir
Que vingt mille livres de rente ;
Ce lot comblerait mon espoir.
J’aime beaucoup à recevoir,
Et tout Paris viendra me voir :
D’ailleurs, mon voisin en a trente…
Or, le moins, que je puisse avoir,
C’est vingt mille livres de rentes.

Mais pourquoi Mondor, sans parents,
A-t-il vingt mille écus de rente !
Je me marierai ce printemps ;
Dans dix ans, j’aurais treize enfants,
Car ma femme n’a que seize ans,
Et ma femme est, ma foi charmante.
À mon tour, enfin, je prétends
Avoir vingt mille écus de rente.

Mais rien n’est tel pour vous lancer,
Que cent mille livres de rente.
Comme cela vous fait percer !
Vous êtes certain de passer
Pour mieux écrire et mieux penser
Que tous les savants qu’on nous vante
Je ne puis donc pas me passer
De cent mille livres de rente.

À présent me voilà jaloux
D’avoir cent mille écus de rente :