Page:Désaugiers - Chansons et poésies diverses de Désaugiers, 1842.djvu/402

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Comme on n’ vit ni d’air ni d’ taloches ;
Ils entrent dîner chez Le Noir...
Mais n’ sachant pas l’état d’ ses poches,
Quand vient l’ quart d’heure du comptoir,
Pas seul’ment d’ quoi payer l’om’lelte,
Et l’ traiteur n’entend pas raison...
Paie, ou sinon
Gar’ la prison.
Et, zon, zon, zon :
V’là, pour comble d’ guignon,
Simon au violon d’ la Villette... ;
Mais il n’est point z’à la maison.

Sa femme, maudissant l’ dimanche,
Court trouver l’ maire qui n’y est pas... ;
Près d’ son jeun’ commis ell’ s’ démanche,
Pouss’ des soupirs, lâch’ des hélas !...
Rien qu’all’ n’ fass’ pour qu’ son homm’ soit libre :
Le jeun’ commis ne dit pas non...
Faible Suzon !
Pauvre Simon !
Et, zon, zon, zon,
Le v’là hors de prison...
Sa femme a perdu l’équilibre....
Mais il n’est point z’à la maison.

Enfin, s’ promettant bien sa r’vanche,
Il rentre ; mais, malgré les rieurs,
Pas d’ danger qu’il dis’ que l’ dimanche
On peut étr’ chez soi mieux qu’ailleurs...
Aux anges de sa p’tite prom’nade
Dans la marre et dans la prison,
Gai comm’ pinson.
S’ moquant d’ la leçon.
Et, zon, zon, zon.
Il dit à sa Suzon... :
J’ rentrons battu, blessé, malade ;
Mais j’ s’rais p’t'ètre mort z’à la maison.