Page:Désorgues - Chant funèbre, en l’honneur des guerriers morts à la bataille de Marengo, 1799.djvu/15

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De l’enfance aimables nourrices,
Les Muses recueillent ses pleurs ;
De l’homme augustes bienfaitrices,
Elles soulagent ses malheurs ;
Et lorsque son ferme courage,
Sous le poids accablant de l’âge,
Succombé après de longs combats,
Calmant son ombre désolée,
Elles parent son mausolée,
Et le dérobent au trépas.

Ah ! si des Nymphes d’Aonie
Le tems raffermit le pouvoir,
Avec ton luth, Ô ! Polymnie,
Quel péril peut nous émouvoir ?
L’âge même le plus débile,
Soutient d’un regard immobile,
L’orgueil des brigands irrités ;
Il brave l’ingrate fortune,
Les monstres béans de Neptune
Et les poignards ensanglantés.

Dans la fleur de l’adolescence,
Voyez ce chantre voyageur ;
Sans alarme, sans méfiance,
Des mers il contemple l’horreur.
Entouré de nochers avides,
Il oppose à leurs coups perfides,
La lyre et la voix d’Amphyon.
Brigands, que l’or barbare irrite,
Laissez au dauphin d’Amphytrite,
L’honneur de sauver Arion.