Page:Désorgues - Chant funèbre, en l’honneur des guerriers morts à la bataille de Marengo, 1799.djvu/19

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N’est-ce point ce touchant hommage,
Ce rare et solemnel honneur,
Qu’au génie, au sein du carnage,
Offrit la sublime valeur
Qui, sur les rives du Granique,
Prépara la palme héroïque
De l’ami de Paiménion,
Ce grand maître de la victoire,
Qu’enflammait aux champs de la gloire
Le chantre immortel d’Ilion ?

Que les Muses reconnaissantes,
Dociles à nos vœux chéris,
Versent des faveurs éloquentes
Sur leurs belliqueux favoris !
La mer cède à leur vol sublime ;
Abaissant leur plus haute cime
Les monts s’inclinent à leur voix,
Et d’un peuple qui les honore
Leur main, du couchant à l’aurore,
Conduit les rapides exploits.

Avez-vous démenti ma lyre,
Enfans d’Apollon et de Mars ?
Ô vous dont le double délire
Illustra la terre des arts.
Lorsque ma voix opiniâtre,
De leur culte que j’idolâtre,
Défendait les droits immortels,
Au sein de la belle Italie
Vous vengiez leur gloire avilie,
Et vous releviez leurs autels.