sable qu’il y ait entre les rangs une distinction marquée ; que si la vertu et les talens ont seuls droit à nos vrais hommages, la supériorité de la naissance et des dignités exigent notre déférence et nos égards ; que plus le sage a d’intérêt d’être mis à sa place, plus il doit respecter celle des autres, et qu’enfin, comme l’a dit un philosophe, le moyen de n’être pas écrasé par ses créanciers, est d’être exact à payer ses dettes ? Et comment les gens de lettres pourraient-ils envier ou méconnaître les prérogatives si légitimes des autres états ? pourquoi cette profession, si noble par le but qu’elle se propose d’instruire et d’éclairer les hommes, si indépendante par les ressources qu’elle trouve en elle-même, si digne de considération par la renommée qu’elle dispense et par l’opinion qu’elle gouverne, dispulerait-elle aux différens oïdies de la société les avantages qui leur sont propres ? quelle distinction plus précieuse les gens de lettres peuvent ils désirer, que de jouir avec sagesse de cette liberté noble et décente, dont le sage ne peut jamais consentira se priver, parce qu’il n’en abuse jamais, et que pour la conserver pure et entière, il préfère la retraite aux honneurs, et la médio’rite à la fortune ? Ne cessons donc point de réclamer contre un reproche, aussi odieiixpar le motif que méprisable par l’ineptie ; mais malgré notre réclamation, attendons-nous que cette absurdité sera encore répétée plus d’une fois par ceux qui se croient intéressés à l’accréditer. Plus d’un sot important ne cessera pas de l’attribuer pour devise aux gens de lettres les plus estimables, les plus disposés, comme on l’a dit ailleurs[1], à respecter ce qu’ils donnent, en estimant ce qu’ils peuvent, aussi persuadés enfin de l’inégalité des rangs, que de celle des esprits.
- ↑ Voyez l’Essai sur la Société des Gens de Lettres et des Grands, etc.