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ELOGE DE CHARLES PERRAUT
PIERRE PERRAULT son père, avocat au parlement, homme
vertueux, qui aimait les lettres, et qui connaissait toute l'éten-
due des devoirs sacrés d'un père, s'occupait beaucoup de l'édu-
cation de ses enfants, dont Charles Perrault était le dernier. On
le mit dès l'âge de huit ans au collège de Beauvais, où il brilla
dans ses classes. Il aimait passionnément les vers, et en faisait
quelquefois de si bons, au moins pour son régent, que ce maître
lui demandait, avec un air de connaisseur, qui les lui avait don-
nés. Le versificateur novice était destiné à trouver un jour dans
Despréaux un Aristarque plus sévère. Il prouva (et cet exemple
n'est pas rare, surtout parmi les poëtes) que si la passion pour
un art indique souvent des dispositions à s'y distinguer, elle
n'en est pas toujours l'annonce infaillible; que l'esprit peut se
tromper, ainsi que les sens, en prenant une faim imaginaire et
factice pour un besoin réel de la nature; et que s'il est quelque-
fois , comme le prétend Helvétius dans son livre de l'Esprit, des
méprises de sentiment et de tendresse, il en est aussi de talent et
de génie.
I IVt; h Paris le i janvier 1628; reçu h la place de Jean de Mouli§ny, éyC-^HG de Lcon, le 3 novembre ,(^71 : '.uo;t le 16 mai 1703,