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Page:D’Alembert - Œuvres complètes, éd. Belin, III.djvu/29

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DU CARDINAL DUBOIS

tions pour le service du roi. Je sens, de mon côté, à quoi m’engage cette conliance ; il faut qu’un ministre, à qui le clergé fait l’honneur de ne le redouter pas, s’en rende digne en redoublant ses soins pour les avantages du clergé ; tout ce que peut l’autorité du ministre, je le dois à vos intérêts : ainsi, loin que les devoirs dont j’étais chargé, et ceux que vous m’imposez de nouveau, viennent jamais à se combattre, la place que j’occupe dans l’État me fournira les moyens de satisfaire à celle que vous me donnez dans l’Église. Je suis sûr, messieurs, et je vous outragerais par le moindre doute, que vous ne me donnerez à porter au roi, dans le cours de cette assemblée, que d’anciennes ou plutôt d’éternelles preuves de l’attachement des églises du royaume pour leur protecteur, que des gages nouveaux et certains du dévouement du clergé à la couronne, et de sa tendresse respectueuse pour la personne de sa majesté, tandis que je ne vous porterai que les précieuses assurances de l’attachement du roi à la religion ; que les maximes dont il est instruit et pénétré sur le respect dû au sanctuaire ; que ses sentimens en faveur de la plus illustre portion de l’Eglise universelle ; que des témoignages de la préférence qu’il lui donne, au-dessus de tous les autres objets de son affection. Je n’aurai rien ni de part ni d’autre à dissimuler, ni à affaiblir, ni à exagérer : je ne dois m’étudier qu’à être précis, et à transmettre si fidèlement les sentimens du roi et de son clergé, qu’il ne reste aucun doute sur ce que le souverain doit attendre du zèle et de la fidélité de ses sujets, et sur ce que le clergé peut espérer de la religion, de la prudence et de l’affection du roi. »

Le cardinal Dubois employait, dit-on, La Motte et Fontenelle à des ouvrages plus sérieux que de simples discoui-s académiques. On assure qu’en 1718, lorsque la France déclara la guerre à l’Espagne, le manifeste fut fait par Fontenelle, sur les mémoires du ministre, et revu par La Motte. Nous n’avons point ce manifeste sous les yeux ; mais il serait curieux de voir quel Ion Fontenelle y avait pris. Son style ordinaire n’était pas celui qui doit caractériser de pareils ouvrages ; on y demande une simplicité noble, une force qui n’excède point la mesure, et plus de dignité que de finesse. L’illustre académicien avait sans doute bien senti ces convenances, et sans doute aussi avait eu le soin et l’esprit de s’y confirmer.

(5) Nous’tenons d’un évcque qui était présent, le discours que le prélat Vintimille fit à Louis XV. La nécessité d’abréger, dans une lecture pubhque, le récit d’un fait étranger à l’article du cardinal Dubois, nous a obligés d’en supprimer quelques circonstances, qu’on sera peut-être bien aise de retrouver ici. L’archevêque avait en effet préparé, ou avait fait composer par un autre le discours qu’il devait prononcer ; il apprit ce discours comme il put, et tant bien que mal ; sa mémoire le servit très-infidèlement dès les premiers mots ; un souffleur, qu’il avait chargé de le suppléer, les lui suggéra ; il ne les entendit pas, le fit répéter, continua encore à dire quelques mots, toujours mal soufflés oli malentendus,