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Page:D’Alembert - Œuvres complètes, éd. Belin, III.djvu/364

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ÉLOGE

du pendule composé qui en résultera ? ou, ce qui revient au même, quelle est la longueur du pendule simple qui ferait ses oscillations dans le même temps que le pendule composé ? voilà a quoi se réduit la question. Le point qui détermine sur la verge la longueur de ce pendule simple, est appelé centre d’oscillation du pendule composé.

Huyghens, si célèbre par ses nombreuses découvertes, et à qui Newton doit peut-être autant qu’à Descartes, avait trouvé le centre d’oscillation par une méthode fort indirecte ; Jacques Bernoulli l’avait ensuite déterminé par une voie plus naturelle, mais difficile ; enfin notre géomètre trouva une méthode fort simple pour résoudre la question. Cette méthode consiste en général à chercher d’abord quelle devrait être la gravité dans un pendule simple de même longueur que le composé, pour que les deux pendules fissent leurs oscillations dans un temps égal. Ensuite au lieu de ce pendule simple d’une longueur connue et d’une pesanteur supposée, il substitue un pendule simple animé par la gravité naturelle, et détermine aisément la longueur qu’il doit avoir pour faire ses vibrations en même temps que l’autre.

La dispute de Leibnitz avec Newton, ou plutôt avec l’Angleterre, sur la découverte du calcul différentiel, éclata en 1715 avec beaucoup de violence, et devint presque une querelle nationale. On ne pouvait ôter à Newton l’honneur de l’invention ; la métaphysique lumineuse qui l’avait conduit à trouver les règles de ce calcul, l’extrême fécondité dont il avait été entre ses mains, enfin des dates anciennes et bien constatées, tout déposait en sa faveur. Quoique son rival eût le premier publié la nouvelle analyse, sa gloire n’était pas si assurée. On lui reprochait le peu de clarté, ou plutôt la fausseté palpable de ses principes, dont il paraissait se méfier lui-même ; le peu de chemin qu’il avait fait dans une route dont il semblait qu’il aurait dû voir l’étendue immense, s’il l’eût ouverte en effet ; enfin quelques écrits de Newton dont on le soupçonnait d’avoir eu connaissance. Ces présomptions formaient contre lui un préjugé peu avantageux ; mais enfin ce n’était qu’un préjugé ; et nous n’avons garde de vouloir prononcer sur une cause qui partage encore aujourd’hui tous les savans de l’Europe. Leibnitz, offensé des soupçons que les Anglais avaient jeté sur ses travaux, leur proposa, comme une espèce de défi, le problème des trajectoires. Il s’agissait de trouver une courbe qui coupât à angles droits ou sous un angle constant une infinité d’autres courbes toutes du même genre, comme des cercles, des paraboles, des ellipses, etc. On croira sans peine que ce problème ne fut qu’un jeu pour Newton, car plusieurs autres géomètres anglais remplirent