Page:D’Alembert - Œuvres complètes, éd. Belin, IV.djvu/200

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diam, peut s’entendre aussi en général du caractère de Claude, et signifier qu’il était naturellement compatissant : c’est le sens que j’avais suivi dans la première édition ; mais le sens que j’ai adopté dans celle-ci me paraît plus naturel.

(101). Ayant avancé l’heure de son repas ; tempestivis epulis. C’est le sens que le Dictionnaire de Novitius, fondé sur d’autres exemples, donne à ces mots, et que j’ai suivi par préférence au sens de Gordon, qui traduit tempestivæ epulæ par un repas de primeurs, un repas des raretés de la saison. Je ne répondrais pas au reste que tempestivis epulis ne signifiât ici (suivant le sens ordinaire et naturel du mot tempestivus) un repas que les domestiques de Claude lui furent faire à temps et à propos pour l’adoucir et le calmer.

(102). Je suis, lui dit-il publiquement ; elata vox ejus in vulgum hisce verbis. J’aurais pu aussi traduire : on répandit avec éloge dans le public ce discours que Mithridate tinta à l’empereur ; cependant, comme la signification la plus naturelle d’efferre vocem, est élever la voix, j’ai préféré le premier sens.

(103). Les morts précipitées, acerba funera. Le mot acerba peut signifier ici, ou morts prématurées, comme d’autres l’ont traduit, ou morts tragiques, comme je l’avais traduit dans les éditions précédentes. Voyez le Dictionnaire de Gesner, au mot acerbus. Le mot précipitées renferme à peu près ces deux sens, également applicables à la mort de Britannicus.

(104). Les maisons d’un prince empoisonné. Tacite dit simplement, domos villasque, id temporis, quasi prœdas divisissent. Ces mots, id temporis, et quasi prœdas, me semblent ici indiquer la succession, ou plutôt la dépouille de l’infortuné Britannicus ; et ce même sens paraît appuyé par la phrase suivante, où Tacite dit que Néron cherchait à se faire pardonner son crime par ces largesses faites à des hommes accrédités.

(105). Ou Néron en subir les remords, conscientia subeunda est. Le mot conscientia pourrait aussi s’entendre des soupçons de Néron contre Agrippine, et, dans ce cas, il faudrait traduire ou Néron m’en soupçonner ; et c’est ainsi que j’avais entendu cette phrase dans les éditions précédentes. Dans celle-ci j’ai préféré l’autre sens, parce qu’il me paraît plus indiqué par la signification ordinaire du mot conscientia. Peut-être pourrait-on traduire, toujours relativement au premier sens, ou Néron en former l’horrible projet (même sans l’exécuter) ; ce qui répondrait encore assez bien au mot conscientia.

(106). Je pouvais conserver ma vie sous l’empire de Britannicus ; quelques uns lisent poterum avec une interrogation, et traduisent :