Page:D’Alembert - Œuvres complètes, éd. Belin, IV.djvu/490

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Qu’ai-je fait !.... serait-ce un nouvel attentat d’avoir vengé par ma mort, Dieu, mon épouse et les hommes ?.... non, non, c’est un criminel dont j’ai fait justice. Qu’une sombre et affreuse tranquillité succède au désespoir qui me déchirait ; que le froid mortel qui va glacer mes sens pénètre jusqu’à mon cœur : l’engourdissement de l’âme est la seule consolation qui me reste. Eternité que j’attends, que je désire et que je crains, je ne te demande point un bonheur dont je suis indigne ; l’affaissement que j’éprouve est l’unique bien que je te prie de ne me pas ôter ; ne me laisse d’existence que ce qu’il faudra pour le sentir, et pour savoir que la justice suprême a rendu enfin plus heureuse celle que j’aimais ?.... Qui la conduit ici.... ô Dieu, vous ne m’aviez pas préparé à ce nouveau supplice !... faut-il mourir tant de fois en un jour !

MÉLANGES LITTÉRAIRES.


ACADÉMIE.

Parmi les modernes, ce mot se prend ordinairement pour une société ou compagnie de gens de lettres, établie pour la culture et l’avancement des arts ou des sciences.

Quelques auteurs confondent les mots d’Académie et d’Université : mais quoique ce soit la même chose en latin , c’en sont deux bien différentes en français. Une Université est proprement un corps composé de gens gradués en plusieurs facultés ; de professeurs qui enseignent dans les écoles publiques, de précepteurs ou maîtres particuliers, et d’étudians qui prennent des leçons et aspirent à parvenir aux mêmes degrés ; au lieu qu’une Académie n’est point destinée à enseigner ou professer aucun art, quel qu’il soit, mais à en procurer la perfection ; elle n’est point composée d’écoliers que de plus habiles qu’eux instruisent, mais de personnes d’une capacité distinguée, qui se communiquent leurs lumières et se font part de leurs découvertes pour leur avantage mutuel.

La première Académie dont nous connaissions l’institution, est celle que Charlemagne établit par le conseil d’Alcuin : elle était composée des plus beaux génies de la cour, et l’empereur lui-même en était un des membres. Dans les conférences académiques, chacun devait rendre compte des anciens auteurs