Page:D’Alembert - Œuvres complètes, éd. Belin, V.djvu/202

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et très catholiques voudraient lui faire chasser. Je ne doute point que le nouveau sujet du frère Amatus de Lamballa ne devienne bientôt aussi le meilleur ami de frère Ganganelli. Si vous allez jamais lui baiser les pieds et servir sa messe, avertissez-moi, je vous prie, car je veux au moins l’aller sonner.

On est bien plus occupé dans ce moment du contrôleur-général et de ses opérations, vraiment chirurgicales, que de l’assemblée du clergé. Je ne doute point que cette assemblée ne se passe comme toutes les autres, à payer, à clabauder et à se faire moquer d’elle. Quand on aura son argent, on lui dira comme Harpagon : Nous n’avons que faire de vos écritures ; et tout le monde s’en ira content.

Oui, j’ai lu la Religieuse de La Harpe, et je trouve qu’il n’a rien fait qui en approche. Ne pensez-vous pas de même ? Adieu, mon cher et illustre ami ; croyez que je suis et serai toujours tuus ex animo.

Que dites-vous des Géorgiques de l’abbé Delille, et du livre de l’abbé Galiani ?


Paris, 11 mars 1770.


Nos lettres vont toujours se croisant, mon cher et illustre confrère. J’ai reçu le cahier que vous m’avez envoyé. Je suis touché, comme je le dois, de votre confiance ; et je vous envoie, puisque vous le voulez, mes petites observations.

Page 7. Ce n’est point à la tête du troisième volume de l’Encyclopédie, mais à la tête du septième que se trouve l’éloge de Dumarsais.

Page 8. Je crois cette digression déplacée pour plusieurs raisons : 1°. Parce que les secours dont il s’agit, si je suis bien instruit, ont été très modiques, et si je ne me trompe, pour une seule personne, et de plus accordés de mauvaise grâce et en déclarant qu’on n’aime point les gens de lettres ni les philosophes ; c’est en effet ce qu’on a prouvé en plus d’une occasion ; 2°. parce que je crois qu’un homme en place, qui aide les gens de lettres du bien de l’État, pense et agit plus noblement pour elles et pour l’État, que celui qui leur donne des secours de son propre bien, surtout s’ils sont donnés comme je viens de le dire ; 3°. parce que je crains que ces éloges, donnés dès le commencement d’un dictionnaire dans un article qui ne les amène pas, et à propos de la voyelle a, ne paraissent de l’adulation, et ne préviennent le lecteur contre un ouvrage d’ailleurs excellent.

Page 9. Les remarques sur l’orthographe de français sont très justes ; mais on ferait peut-être bien d’ajouter que français