Page:D’Alembert - Œuvres complètes, éd. Belin, V.djvu/225

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belle proposition latine..... La philosophie........ n’est pas plus ennemie de Dieu que des rois, et on ajoute que ce sujet lui-même est très philosophique. Je sais qu’on se prépare à se moquer de lui dans d’autres journaux, sans compter peut-être ce qui lui viendra d’ailleurs.

Le comte d’Hessenstein, pénétré de reconnaissance pour vous, a écrit à madame Geoffrin pour la prier de faire insérer, dans le Mercure et dans le Journal encyclopédique, l’un et l’autre fort lus dans le Nord, l’extrait de la lettre que vous m’avez écrite à son sujet. J’ai répondu que je n’en ferais rien sans votre aveu : ainsi réponse à ce sujet, si vous le voulez bien. Pour que vous n’achetiez pas chat en poche, voici ce que vous m’avez mandé, et que je ferais imprimer, si vous le trouvez bon.

« Je me trouve d’accord avec madame de *** ( madame Geoffrin) dans son attachement pour le roi de Pologne, et dans son estime pour M. le comte d’Hessenstein..... J’admire Gustave III, et j’aime surtout passionnément sa renonciation solennelle au pouvoir arbitraire : je n’estime pas moins la conduite noble et les sentiments de M. le comte d’Hessenstein. Le roi de Suède lui a rendu justice ; la bonne compagnie de Paris et les Welches mêmes la lui rendront : pour moi, je commence par la lui rendre très hardiment. »

Adieu, mon cher maître ; je vous embrasse de tout mon cœur. Je travaille à la continuation de l’Histoire de l’Académie Française. Il y est souvent question de vous, et vous pouvez vous en rapporter à moi. Vale. Mes respects à madame Denis ; j’espère que sa santé sera meilleure.


Paris, 18 janvier 1773.


Jai entendu parler, mon cher maître, de cet avocat Belleguier ; on m’a dit que c’est un jeune homme qui promet beaucoup ; il a même écrit je ne sais quoi dans l’affaire des Calas, qui a fait plus de bien, dit-on, à la cause de cette malheureuse famille, que toutes les bavardes déclamations des avocats Loyseau et Beaumont, que Dieu fasse taire.

Encore une fois, n’ayez pas peur que l’Université se rétracte. Je ne doute point que nous ne voyons (ou voyions) incessamment, dans les feuilles d’Aliboron, une belle diatribe pour prouver qu’on ne pouvait pas dire en meilleur latin, que la philosophie n’est pas moins ennemie du trône que de l’autel. Vous aurez vu, sans doute, le numéro 3 de la Gazette littéraire des Deux-Ponts de cette année, où l’on traduit en bon français le beau latin de cette canaille, et où l’on félicite un corps aussi