Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/119

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de leur origine commune, qu’elles ne soient également stratifiées, et qu’il n’y ait des granites veinés aussi anciens que des granites massifs, quoique en général il soit vrai de dire que les gneiss sont plus modernes que les granites.

Après une note fort étendue sur les minéraux du Saint-Gothard, dont il donne une liste, sans doute la plus complète que l’on ait encore publiée de cette riche localité, il continue à redescendre par Altorf et Lucerne. Les poudingues du Rigi devaient appeler surtout son attention ; car nous avons déjà vu qu’il attribuait à la connaissance des cailloux roulés des grandes vallées beaucoup d’importance, les regardant comme les témoignages irrécusables des révolutions de la terre. Ceux du Rigi, arrondis ou anguleux, reliés par un ciment calcaire, sont tous d’origine secondaire, et auraient été apportés par la vallée-de Mutten-thal (p. 108). On voit que de Saussure ne se rendait pas encore compte ni de l’âge de ces poudingues, ni de l’époque relative de la formation de la vallée par où il fait arriver ses éléments. Ainsi, en parlant des cailloux roulés des deux Emmes, il est plus préoccupé de leur origine que de leur chronologie relativement aux poudingues précédents.

Les cailloux, continue-t-il, varient suivant les vallées ; chacune d’elles à ses cailloux prédominants ou caractéristiques indiquant d’où provenait le torrent qui les a apportés. Ainsi les jades caractérisent le bassin du Léman ; le quartz grenu, la vallée du Rhône, depuis le Jura jusqu’à son embouchure ; les variolites à pâte d’ophibase ; la vallée de la Durance ; les schistes amphiboliques, celle de l’Isère ; les variolites du Drac, la vallée que parcourt ce torrent ; et d’autres variolites particulières avec une sorte d’argilolite, les vallées des deux Emmes (p. 155). De l’examen plus particulier de ces derniers, il déduit que la grande débâcle n’a charrié dans le bassin du lac de Genève aucun caillou provenant de la région située au nord du Jorat, puisqu’on n’y observe aucune de ces roches si fréquentes au nord de Berne. L’origine des cailloux du bassin du lac de Genève doit donc être cherchée dans les Alpes du Valais d’une part et dans celles de la Savoie de l’autre.