Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/21

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pouvait peut-être se trouver concentrée dans une seule tête ; actuellement cela n’est point possible, et plus nous avancerons, plus l’individualité du professeur disparaîtra dans l’immensité des matériaux accumulés par d’autres. Faisons donc de bonne grâce le sacrifice de notre amour-propre, pour ne nous regarder que comme les démonstrateurs, les vulgarisateurs et les historiens critiques de la science.

En ce qui nous concerne personnellement, nous sommes assez heureux pour n’avoir à soutenir ni à défendre aucune théorie qui nous soit propre ; d’où résulte pour nos opinions une probabilité d’indépendance qui doit profiter à la vérité. Nous ne sommes ni l’interprète ni le représentant d’aucune école ; nos paroles ne s’abriteront sous l’autorité d’aucun nom en particulier. Ce que nous désirons, c’est une science éclectique ; ce que nous enseignerons, c’est ce que tout le monde admet. Peut-être y a-t-il encore quelques dissidents, quelques retardataires ? Rien de plus naturel, et nous ne devons ni nous en plaindre ni nous en étonner ; il y aura toujours, quoi qu’on fasse et quelque éclatante que soit une vérité, des esprits, même distingués, mais amoureux du paradoxe, qui se rencontreront à propos pour la nier, puis d’autres, qui, dans les sciences comme en politique, n’admettent pas volontiers le progrès qui se fait sans eux, et croient, parce qu’ils se sont arrêtés, que les autres ne doivent plus marcher.

N’oublions pas que les découvertes qui honorent le plus l’esprit humain ne se sont jamais produites sans opposition, sans une lutte plus ou moins prolongée. Le mouvement de la terre n’a-t-il pas été nié avec obstination à la