Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/321

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les gisements de coquilles fossiles, les sources minérales et thermales, le charbon de terre, etc. Ils présentent ainsi un tableau abrégé des richesses du sol, depuis les frontières de l’Espagne jusqu’en Irlande, dont les volcans sont marqués, les seuls qui fussent encore connus à ce moment dans l’Europe occidentale.

Mais résulte-t-il clairement de ce texte et de l’examen de ses cartes que Guettard ait compris la stratification générale du bassin de la Seine, par exemple, pour concentrer notre remarque sur la partie qu’il connaissait le mieux ; qu’il ait eu une idée nette de la superposition de tous les systèmes secondaires et tertiaires, depuis les Vosges jusqu’aux environs de Paris, de l’emboîtement successif de tous ces vases les uns dans les autres, suivant leur ordre d’ancienneté et leur grandeur, comme le représenterait une coupe que nous ferions aujourd’hui soit du N. au S., soit de l’E. À l’O. ? C’est ce dont on doit douter, car on n’aperçoit dans tout ce qu’il dit aucune trace de cette idée. Si elle eût été la base de son travail, il l’aurait formulée directement ; il aurait traduit ce grand résultat par un profil montrant, ne fût-ce que grossièrement, l’inclinaison générale des couches vers le centre de l’espace, au lieu d’être continues et régulières, suivant une même direction comme en Angleterre, puis leurs affleurements constituant alors ses zones ou bandes concentriques, au lieu d’être alignées parallèlement comme de l’autre côté du détroit, où elles suivent une direction perpendiculaire à l’inclinaison générale. Or, nous ne trouvons, dans les travaux de Guettard, aucune démonstration de cette disposition souterraine des couches, et il a pu très-bien comprendre la série des assises d’une montagne ou d’une colline en particulier, sans pour cela s’être rendu compte de la relation des diverses montagnes ou collines entre elles sur une grande étendue de pays. En un mot, il paraît n’avoir pas saisi ce que nous appelons la stratigraphie, c’est-à-dire la véritable théorie des terrains de sédiment.

Ce que l’on ne sait pas généralement, c’est que Lavoisier, l’une des gloires les moins contestées de la chimie moderne, fut le collaborateur et le collaborateur très-actif de Guettard,