Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/352

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pétrifications qu’on a trouvées jusqu’à présent dans le sein de la terre, et cette science n’est pas encore fort avancée ; cependant nous sommes assurés qu’il y a plusieurs de ces espèces, telles que les cornes d’Ammon, les Orthocératites, les pierres lenticulaires ou numismales, les Bélemnites, les pierres judaîques, les Anthropomorphites, etc., qu’on ne peut rapporter à aucune espèce actuellement subsistante…

« On ne connaît pas plus les espèces d’animaux auxquels ont appartenu les dépouilles dont nous venons d’indiquer les noms, mais ces exemples et plusieurs autres que je pourrais citer suffisent pour prouver qu’il existait autrefois dans la mer plusieurs espèces de coquillages et de crustacés qui ne subsistent plus. Il en est de même de quelques poissons à écailles ; la plupart de ceux que l’on trouve dans les ardoises et dans certains schistes ne ressemblent pas assez aux poissons qui nous sont connus pour qu’on puisse dire qu’ils sont de telle ou telle espèce ; il paraît donc que dans tous les genres la mer a autrefois nourri des animaux dont les espèces n’existent plus.

« Mais, comme nous l’avons dit, nous n’avons jusqu’à présent qu’un seul exemple d’une espèce perdue dans les animaux terrestres, et il paraît que c’était la plus grande de toutes, sans même en excepter l’Éléphant. Et puisque les exemples des espèces perdues dans les animaux terrestres sont bien plus rares que dans les animaux marins, cela ne semble-t-il pas prouver encore que la formation des premiers est postérieure À celle des derniers ? »

Quatre-vingts années de recherches assidues et fécondes, sur tous les points de la terre, n’ont fait que confirmer depuis cette présomption de Buffon, qui comprenait d’ailleurs très-bien le rôle que devaient jouer les fossiles dans l’histoire du globe. « Leur pétrification, dit-il[1], est le grand moyen dont la nature s’est servie et dont elle se sert encore pour conserver à jamais

  1. Œuvres complètes de Buffon, vol. VIII, p. 110. ─ Éd de 1828 (Minéraux, vol. VI).