Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/36

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objet, s’il n’était qu’un exposé chronologique ou une analyse succincte des idées et des faits ; aussi le concevons-nous plutôt comme le résultat ou la synthèse d’études critiques, comparatives et coordonnées à un point de vue particulier, de ce que les unes et les autres renferment de plus essentiel. Or, cette tâche devient assez délicate, lorsqu’il s’agit d’appeler des jugements déjà portés sur des hommes et sur des choses dont le mérite a reçu la sanction plus ou moins réfléchie du temps, lorsqu’il faut revenir sur des opinions qui règnent sans contradiction, faute d’un examen suffisant. On nous permettra donc d’ajouter ici quelques remarques, pour que notre intention ne soit ni méconnue ni mal interprétée.

Des savants très-distingués ont quelquefois joint à leurs titres scientifiques des talents de diverses sortes, politiques, administratifs, philosophiques, littéraires ou autres, et l’ensemble de ces qualités, revêtues encore des faveurs du pouvoir, leur a formé une auréole dont le public n’aime pas qu’on cherche à diminuer l’éclat. Loin de nous la pensée d’amoindrir par des critiques ou des observations sans nécessité la considération due à ces glorieux représentants de l’esprit humain ; mais, tout en nous efforçant de mettre dans nos appréciations la plus parfaite exactitude, c’est aussi un devoir pour nous de signaler les erreurs qu’ils ont pu commettre, en les jugeant surtout avec les idées et les connaissances de leur temps, et non avec celles du nôtre, ce qui serait souverainement injuste.

Ce n’est pas en exagérant la valeur des hommes éminents qu’on les fait le mieux valoir. On peut sans doute en imposer ainsi pendant quelque temps à ceux qui adoptent volontiers les opinions toutes faites, qui ne se donnent point la peine ou n’ont pas le temps d’étudier par eux-mêmes ; mais tôt ou tard la réaction se produit, et il est à craindre alors qu’on ne tombe dans l’excès contraire, qu’une partialité ne succède à une autre, et cela toujours faute d’un examen calme et réfléchi.

La perfection absolue n’étant point l’apanage de l’humanité, tout éloge sans restriction doit être par cela seul plus ou moins partial. Si rien n’est plus propre à élever la pensée, à stimuler et